La philanthropie en temps de crise : partir ou rester?

L’examen des tendances philanthropiques en période de crise, alors que tant de personnes sont dans le besoin, peut paraître quelque peu sans cœur. Cependant, ces données peuvent orienter les familles qui doivent prendre des décisions importantes concernant notamment les montants à donner, les organismes bénéficiaires ainsi que le bon moment pour faire un don dans l’après-COVID-19

Ce n’est pas un secret : de nombreux organismes sans but lucratif et organismes de bienfaisance ont des besoins de financement accrus dans le contexte actuel. La crise a certes une incidence négative sur les organismes de bienfaisance, étant donné l’annulation d’événements de financement et la diminution des dons, mais elle soulève également des questions légitimes chez les donateurs. Devraient-ils réduire leurs efforts? Privilégieront-ils une approche limitée dans le temps pour les dons? Ces facteurs les inciteront-ils à revoir les causes qu’ils choisissent de soutenir?

Le climat financier actuel sur les marchés mondiaux peut être comparé à celui de la crise économique de 2008 aux États-Unis, où les dons de nature philanthropique ont diminué de 7 % la première année, et encore de 6,2 % en 2009, selon le magazine Forbes. Bien que le contexte actuel et l’incertitude sur les marchés puissent inciter les philanthropes à faire une pause, il est encore trop tôt pour connaître l’incidence à grande échelle qu’auront la pandémie et ses conséquences économiques imminentes sur les dons de bienfaisance.

En même temps, les organismes sans but lucratif et les organismes de bienfaisance mettent les bouchées doubles et font preuve de créativité pour trouver diverses stratégies visant à augmenter la visibilité de leur cause et à souligner l’importance des dons. Il ne fait aucun doute que les besoins sont maintenant plus importants qu’ils ne l’étaient il y a quelques mois à peine. Dans ce contexte, certaines familles bien nanties repenseront peut-être leur approche philanthropique à court terme. Cependant, il est important d’y réfléchir de manière stratégique plutôt que de tout arrêter.

Deux membres d'équipe qui marchent et qui parlent

Dans un rapport publié en janvier 2020, Campden Wealth révélait les résultats d’un sondage mené auprès de familles bien nanties d’un bout à l’autre de la planète. Ce rapport indique qu’en ce qui concerne la philanthropie, 32 % des répondants privilégient une approche limitée dans le temps. Selon Campden Wealth, cette tendance, qui est en croissance depuis quelques années, peut offrir certains avantages aux familles bien nanties. Elle permet par exemple de voir l’impact de ses dons au cours de sa vie, de préciser le champ de ses activités philanthropiques et de transférer le plus tôt possible une portion plus importante du patrimoine du donateur à de bonnes causes.[1]

Il ne s’agit que de l’un des nombreux aspects auxquels doivent réfléchir les familles au moment de faire un don ou de créer une fondation familiale. Si une fondation constitue un reflet des valeurs familiales ainsi qu’un excellent moyen de transmettre l’héritage familial à la prochaine génération, elle permet également d’adopter une approche stratégique en matière de philanthropie. Lors de la mise sur pied de la fondation, la famille doit rédiger un énoncé de mission et déterminer une vision, de manière à orienter les décisions et les dons futurs. Le fait de disposer d’une vision et de bien connaître sa situation financière peut faciliter la réponse à la question suivante : « Donner ou ne pas donner? ».

Aux yeux de beaucoup de gens, le fait de redonner à la collectivité représente une grande responsabilité, un élan d’altruisme. Cependant, si les dons servent également un objectif lié à la visibilité ou à la réputation, les dons effectués en temps de crise sont alors un moyen d’accroître sa visibilité. Le magazine Business Insider consigne par exemple les dons effectués par les milliardaires pour la lutte contre la COVID-19.

Par-dessus tout, il existe de nombreuses raisons de donner aux causes que l’on soutient et de continuer d’appuyer les organismes avec lesquels on travaillait avant la COVID-19 (qui en ont probablement encore plus besoin qu’avant). Il y a tout autant de raisons de prendre un moment pour évaluer sa stratégie ou les limites de sa capacité de donner à l’heure actuelle. Toutes les considérations et les préoccupations sont valables. En fin de compte, il est essentiel de déterminer ce qui est le plus logique pour la famille en question.

Au Bureau familial Richter, nous sommes conscients que la philanthropie est bien plus qu’une simple question de faire des dons à des causes importantes. Il s’agit souvent d’une expression des valeurs fondamentales et de l’héritage de la famille. C’est pourquoi nous travaillons en étroite collaboration avec nos clients pour déterminer la meilleure façon de faciliter et de gérer leurs activités philanthropiques, de manière à en maximiser l’impact économique et social.

 

Autres articles à consulter :

 

 

[1] Campden Wealth. « Global Trends and Strategic Time Horizons in Family Philanthropy 2020 ». http://www.campdenwealth.com/article/global-trends-and-strategic-time-horizons-family-philanthropy-2020